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L’éruption du Vésuve en 1779

Jean-Baptiste Charles Gonichon (actif entre 1733 et 1763)
Paris, vers 1745 – 1760
Bois, laiton, verre, cuir

Cette toile ayant sans doute appartenu au marquis de Clermont d’Amboise (1728-1792), ambassadeur de France à Naples de 1776 à 1782, témoigne de l’activité du peintre français Pierre Jacques Volaire, spécialiste des vues du Vésuve. Auparavant collaborateur du paysagiste Joseph Vernet, il s’établit à Rome en 1762 puis à Naples en 1767. Il s’éloigne du genre des marines de son maître pour se consacrer aux représentations du Vésuve, dont il a observé les éruptions en 1767, 1771, 1779 et 1794. Ainsi que le peintre la représente, l’éruption du 8 au 15 août 1779 est très spectaculaire, que ce soit par le volume de matière éjectée, les projections de lave dans le ciel, les coulées de lave sur les pentes, les nuages de cendres et de pierres ou la lumière intense des explosions. Ces éruptions attirent des savants et des curieux venant de toute l’Europe. Avec la pratique du Grand Tour en Italie s’est développé le genre des vedute (« vues » en souvenir de…), dont celles du Vésuve, que les voyageurs, Anglais et Français notamment, recherchent particulièrement.
Cette œuvre illustre l’évolution du goût au temps de Diderot et l’attrait nouveau pour la nature comme spectacle et comme « spectacle sublime » car menaçant, thématique à laquelle les amateurs d’art sont dorénavant sensibles. Diderot en parle dans ses commentaires sur la poésie et sur les arts. Dans l’article Beau de l’Encyclopédie, il aborde le thème du sublime, distinct de la notion de beauté : « Il semble que dans notre langue l’idée de beau soit toujours jointe à celle de grandeur […] » mais que « La notion de grand, de sublime, d’élevé, n’a aucun lieu dans ces occasions où on ne laisse pas d’employer le nom de beau. Qu’on parcourre de cette manière tous les êtres qu’on nomme beaux : l’un exclura la grandeur, […] quelques-uns même l’apparence marquée d’ordre & de symétrie ; telle serait la peinture d’un orage, d’une tempête, d’un chaos […] ».